retour à l'accueil retour à l'accueil

L'histoire du tapis Point de Sedan

Le Point de Sedan est à l’origine le nom d’un point de dentelles. En effet, c’est au XVIème et XVIIème siècles que l’on a produit entre autres à Sedan un point de dentelle, dénommé Point de Sedan. Seuls quelques exemplaires de cette dentelle subsistent aujourd’hui dont un au musée de Sedan. Un autre exemplaire a été acheté en 1992 par des Japonais lors d'une vente aux enchères.

C’est en souvenir de cette dentelle que la manufacture du Point de Sedan a porté ce nom.
A la fin du XIXème siècle, un industriel parisien, Adrien DUQUESNE, fasciné par les tapis noués à la main dans les pays de l’Islam eu l’idée d’essayer de reproduire ce type de fabrication mécaniquement.

Le système fut d’abord adapté à un métier à bras tissant 90 centimètres de large. Il a été décrit en 1886 dans un rapport détaillé présenté à la société d’encouragement pour l’industrie nationale (site Internet) et y a obtenu une médaille de platine reconnaissant ainsi la valeur du procédé de fabrication et les qualités du produit obtenu.

Après l’Exposition Universelle de Paris en 1889 où il reçoit une médaille d’argent, Adrien DUQUESNE s’associe alors avec un ingénieur sedanais, Henri GROSSELIN, pour réaliser une mécanique complexe qui permit une double fixation du point de laine en forme de 8 sur une chaîne et une trame, formant un canevas de lin. Ce rapprochement n’est sans doute pas étranger au fait que M. GROSSELIN est lui aussi un ancien lauréat de la société d’encouragement pour l’industrie nationale. Cette association, créée en 1802 et reconnue d’utilité publique dès 1823, a probablement joué un rôle décisif dans le rapprochement des 2 industriels.

Le mécanisme fut intégré, après nombres de difficultés, dans des métiers de bois de type Jacquard, que l’on remplaça quelques années plus tard par d’impressionnants bâtis de fonte de plus de 5 m de haut et 4 m de large dont les organes (volants, couronnes dentées, engrenages de transmissions…) évoquent irrésistiblement les débuts de l’ère industrielle.
La production fut ainsi mécanisée vers 1892-1893.
Ce mécanisme obtint cette fois la médaille d’or de la société d’encouragement pour l’industrie nationale en 1895.

S’ouvre alors une période faste pour les Tapis Parisiens de l’entreprise DUQUESNE et Cie, elle va durer jusqu’à la Première Guerre mondiale (l'entreprise d'arrête mi-août 1914). Ce sont essentiellement des modèles de tapis orientaux qui sont produits. La société Duquesne exporte alors dans le monde entier, les plus grands magasins parisiens sont ses clients (Au Bon Marché, Le Printemps,…).

La société Duquesne et Cie est présente dans de nombreuses expositions (Paris 1889 et 1900, Saint-Louis 1904, Bruxelles 1910, Londres 1912) et reçoit plusieurs prix, en particulier une médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris en 1889 et deux médailles d’or lors de l’exposition de 1900 (une pour le métier et une pour la qualité des tapis produits). L'entreprise reçoit aussi un diplôme d'honneur en 1910 à Bruxelles.

En 1900, 24 métiers mécaniques, pouvant tisser depuis 70 centimètres jusqu’à 2m 50 de large, s’activent dans la fabrique de Sedan. La production de 1899 est alors évaluée à 32.000 mètres carrés !

La guerre et l’occupation pendant la Première Guerre mondiale provoquent de très importantes destructions. La production doit être stoppée. Le personnel (environ 180 personnes), souvent très qualifié, se trouve dispersé.

C’est au prix de grandes difficultés que la production repart en 1919.
L’inventeur et l’industriel se séparent. C’est alors le fils de Henry GROSSELIN, Maurice, qui reprend seul la fabrication sous le nom Point de Sedan.

La reprise d’activité n’est pas facile après la guerre, les chemins de fer n’ont pas un fonctionnement correct, les fournisseurs sont eux aussi affectés. Pendant une dizaine d’années, l’activité est prospère mais ensuite, le métier à couteau pris l’avantage sur le métier à verges. Sans enfant ou successeur désigné, Maurice GROSSELIN n’effectue pas les gros investissements nécessaires.

La Seconde Guerre mondiale interrompt à nouveau la production. Seuls 12 métiers sur 32 échappent à la destruction. Par bonheur, les cartons ou modèles de dessins sont restés utilisables en grande partie.
Cependant, M. GROSSELIN abandonne.

2 industriels sedanais, Paul et Louis HENRION, pour éviter qu’une telle production ne disparaisse, remettent dès la fin de 1943, l’usine en marche avec les quelques métiers restant. Il semble que ce soit à cette époque que l’entreprise est transférée dans les bâtiments actuels.
Une collaboration très étroite avec un grand décorateur parisien très renommé, M. JANSEN, oriente la fabrication surtout vers les tapis d’art.
L’entreprise comptera environ 60 salariés dans les années 1960.

En 1976, Jacques ROUSSEAU reprend l’entreprise, puis M. et Mme Claude MEURICE lui succèdent à partir du 1er juin 1984. M. LAURANT succède à M. MEURICE le 1er novembre 1991. M. Robert GUILLAUME reprend l’entreprise en grande difficulté en 1997. L’association de sauvegarde est créée en février 2005. M. Kévin SIFFREIN devient gérant de l’entreprise en février 2006. Malgré leurs efforts la société est liquidée en 2007.

Afin de sauvegarder ces métiers uniques, l'association de sauvegarde du Point de Sedan a constitué un dossier pour que ceux-ci soient inscrits à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Grâce à cette intervention, désormais classées les machines ne risquent plus d'être détruites ou rachetées pour être expédiées loin des lieux qui firent leur renommée. (dossier de présentation de la DRAC Champagne-Ardenne)

 une vidéo tournée en 1978 est disponible sur Youtube.

 


 

Rapport du jury de l'exposition universelle de 1889 à Paris 
Classe 55 Matériel et procédés du tissage

Rapport du jury international par M. Escher, professeur à l’école polytechnique de Zurich
VI Métiers à tisser
[…]
Les métiers à tapis forment un groupe à part. L’Exposition en comptait trois, chacun remarquable dans son genre. Le métier mécanique de M. E. Neveu, de Paris, faisait automatiquement le tapis à velours dit la moquette. […] Les deux autres métiers ont pour but d’imiter les tapis de Smyrne. Le métier de MM. Sallandrouze frères, d’Aubusson, obtient cette imitation par des moyens tout particuliers. […]

L’imitation présentée par M. Duquesne, de Paris, sous le nom de tapis parisien, est plus parfaite : le serrage des boucles est aussi fort que les vrais tapis d’Orient ; les fils de poil, apparaissant au revers, y reproduisent le dessin tout en donnant du moelleux au tissu.

Les fils de poils font un mouvement pareil à celui des fils de soie de la gaze. Ce mouvement est donné par une barre portant des aiguilles métalliques plates, dans les chas desquelles les fils de poil sont engagés par groupes. La barre portant les aiguilles, placée en dessous de la chaîne, est animée d’un mouvement latéral et ascendant au moyen d’un excentrique et d’une pédale, et c’est grâce à ce mouvement que les fils de poil sont menés tantôt à gauche, tantôt à droite des fils de chaîne. Les chas ont une forme allongée d’une dimension égale à la hauteur du pas ; quand la barre est levée, les fils reposant au fond du chas se trouvent seulement à la hauteur de la partie inférieure du pas. Les fils appelés à faire les nappes par une mécanique Jacquart peuvent suivre ce mouvement grâce à la longueur des chas. Dès que la verge est posée, les aiguilles repassent par-dessous les fils de chaîne sur l’autre côté ; les fils passifs, n’étant pas retenus par la verge, sont libres de suivre ce mouvement, et ils se disposent en forme rectiligne dans le fond, malgré le mouvement ondulé qui leur est imprimé par les aiguilles.

M. Duquesne a adapté son invention à un métier à bras. Dès qu’il sera parvenu à l’appliquer au tissage mécanique, et il n’y aura pas de difficultés insurmontables, il pourra être sûr du succès, vu la qualité du produit. […]


Rapport du jury de l'exposition universelle de 1900 à Paris
 
Classe 70  Tapis, tapisseries et autres tissus d’ameublement
Rapport du jury international par M. Ferdinand Leborgne, fabricant de tapis et d’étoffes pour ameublement, membre de la chambre de commerce de Roubaix (Nord)
[…] 

Considérations générales
[…]
     S’il est encore montré quelques productions de genre oriental, ce n’est, pour ainsi dire, que pour mémoire.     Il est laissé aux véritables amateurs, qui savent et veulent y mettre le prix, les riches tapis d’origine non douteuse, de Smyrne ou de Lahore (tapis à points noués), de fabrication à la main qui se fait également à Aubusson (Creuse) et à Tourcoing (Nord). Quant aux personnes dont la situation plus modeste ne permet pas l’achat de ces somptueuses carpettes orientales, et qui ne recherchent dans le tapis qu’un peu de confort, en des dessins de fleurs ou de fantaisie, elles adoptent ces qualités de moquette établies à très bas prix au moyen de métiers mécaniques à la Jacquard dont le fabricant trouve, grâce à cette clientèle nombreuse, l’alimentation constante.

     Dans la section française, en effet, si nous examinons la fabrication mécanique du tapis à la Jacquard, nous ne voyons guère que la maison Duquesne et Cie qui, par son application à la mécanique d’un système breveté dont elle a tiré un excellent parti, nous montre encore, en de très belles qualités, des tapis de genre et de coloris tout à fait orientaux (nous aurons occasion de revenir sur cette fabrication excellente du tapis dit tapis parisien, dont l’envers entièrement recouvert de laine assure au consommateur un emploi sérieux de son tapis, ainsi qu’une très longue durée) ; mais encore, à côté de ses tapis de genre oriental, M. Duquesne cédant, lui aussi, aux tendances du jour, au flot envahisseur dont nous allons étudier la cause et le mouvement, a-t-il également exécuté des tapis du genre que nous qualifions de moderne (parce que le public le désigne ainsi), et ce mot nous amène forcément à l’étude d’une évolution qui, incontestablement, s’est produite en ces dernières années et se poursuit de façon indéniable à l’heure actuelle, tant dans la production des tapis que dans celle des étoffes pour ameublement.
[…]

 II Tapis moquettes laine fabriqués à la Jacquard en velouté ou en boucléTapis à chaîne imprimée
[…]
 Médaille d’Or
MM. Duquesne et Cie, à Paris et à Sedan

      M. Duquesne est un très habile fabricant. Son intelligence toujours en éveil, son travail soutenu avec une persévérance jamais lassée, l’ont fait arriver au succès : il tient un rang des plus honorables dans l’industrie du tapis. Que de progrès réalisés par M. Duquesne dans la fabrication de son fameux tapis parisien qui, paraissant pour la première fois en 1889, obtint à l’exposition de cette dite année une médaille d’argent de la classe 55 avec son métier à bras tissant du tapis en 90 centimètres de largeur !

     Le tapis parisien est un tapis dont le procédé de fabrication breveté permet l’enroulement des fils de la chaîne faisant velours, autour de la chaîne de force qui constitue le dossier ou envers du tapis. La chaîne destinée à faire velours (généralement en laine) vient donc, en couvrant par son enroulement les fils de la chaîne (lin, chanvre, coton ou jute) qui forment le dossier, leur donner une résistance très grande, les garantir de l’humidité du sol, et donner en outre un envers laineux admirable, qui reproduit en une sorte de gros point de tapisserie le dessin que l’endroit nous montre en velouté.

     Cette explication très sommaire du mode de fabrication employé pour produire ce tapis, suffit toutefois à indiquer les réelles et nombreuses difficultés que M. Duquesne a dû rencontrer et qu’il a surmontées pour arriver à nous montrer aujourd’hui, fabriqués à l’aide de métiers Jacquard mécaniques mus à la vapeur, les très intéressants et forts jolis tapis que nous avons, en compagnie de nos collègues du Jury, admirés dans l’emplacement occupé dans notre classe par M. Duquesne.

     Hâtons-nous de dire qu’un métier mécanique du système Duquesne, monté par lui, en la Classe 77, a produit le tapis parisien pendant toute la durée de l’Exposition qui vient de se clôturer, et qu’il a valu à M. Duquesne une médaille d’or décernée par le Jury de cette classe. C’est de tout cœur que nous félicitons M. Duquesne de la réussite de ses efforts, ainsi récompensés de deux médailles d’or si justement méritées.     Nous nous garderons bien de passer sous silence l’intelligente collaboration que M. Henri Grosselin, de la maison Grosselin père et fils de Sedan, n’a cessé d’accorder à M. Duquesne.

     Grâce à sa connaissance approfondie de la mécanique, M. Duquesne a pu, dans un espace de temps relativement restreint, créer de toutes pièces les nouveaux procédés de fabrication mécanique, employés par lui pour le tissage du tapis parisien. Sa fabrique de Sedan contient aujourd’hui 24 métiers mécaniques, dont 4 pour l’uni et 20 avec Jacquard, pouvant tisser depuis 70 centimètres jusqu’à 2 m. 50 de largeur. Les largeurs plus grandes se tissent jusqu’à présent à l’aide de métiers à bras.

     La production du dernier exercice 1899 s’est élevé à 32.000 mètres carrés.     En créant le tapis parisien, M. Duquesne s’est proposé de combattre l’importation des tapis orientaux de toutes provenances, et dans ce but, il a produit des articles aussi satisfaisant que ceux de provenance orientale, mais de prix moins élevés.

     Tout ceci explique la raison pour laquelle le salon occupé par la maison Duquesne et Cie et décoré à l’orientale ne nous a montré en qualités diverses que des tapis reproduisant exactement les formes et les colorations des tapis d’Orient, bien que pourtant M. Duquesne produise, en ce même point, des tapis dont les compositions modernes sont très remarquables et de fabrication également très soignée.

     Parmi les pièces capitales qui décoraient le salon de MM. Duquesne et Cie, nous avons remarqué la superbe carpette d’Orient, de 4 mètres sur 5 sur fond bleu,, pendue à la cloison du fond, divers tapis arabes de haut poil et de coloration vigoureuse, une profusion de tapis de prières en laine, en mohair ou en soie, et , servant de portières et d’encadrement à l’entrée de ce salon, un magnifique tapis de genre Smyrne, aux tons rouges, bleu et vert, très fidèlement exécutés en une qualité supérieure du prix de 30 francs le mètre carré.     Quand nous aurons ajouté que la contexture du tapis parisien se prête à l’emploi de toutes les matières premières, végétales ou animales, comme aussi à toutes les réductions en unis ou façonnés, ras ou veloutés, nous aurons suffisamment démontré l’avenir qui est réservé à ces intéressants produits très appréciés déjà de la belle clientèle, tant de France que de l’étranger.

     Mentionnons en terminant le tapis ras, double face, en gros point très serré, que nous montrait M. Duquesne en un tapis désigné Aubusson parisien, et qui parait d’une solidité à toute épreuve. Il parait que par sa fabrication rapide ce genre de tapis pourra s’établir à des prix si modiques qu’il sera bientôt en mesure de remplacer le tapis brosse, tissé d’aloès. Le Jury a chaudement félicité de leurs inventions MM. Duquesne et Cie, et leur a bien volontiers attribué une médaille d’or, récompense si justement méritée. 



 Classe 77  Matériel et procédés de la fabrication des tissus
Rapport du jury international par M. Henry Danzer, ancien directeur de l’école de filature de Mulhouse

  VII Matériel pour la fabrication des tapis

     Cette importante spécialité du tissage n’est représentée, comme nous l’avons indiqué dans notre statistique, que par une seule maison, dont le siège social est en France.   

     Duquesne et Cie, à Paris et Sedan. – Cette maison a été fondée en 1878. Le métier qu’elle expose a été décrit en 1886 dans un rapport détaillé présenté à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale ; il a obtenu à cette époque une médaille de platine ; il parut pour la première fois à l’Exposition de 1889 où il fut récompensé d’une médaille d’argent ; c’était alors un métier à bras tissant 90 centimètres de large.

     Depuis cette époque, l’inventeur s’est préoccupé du tissage automatique de son « tapis parisien ». Sans entrer dans le détail des difficultés qu’il eut à surmonter pour arriver à la transformation mécanique du métier mécanique, nous nous bornerons à dire que, de 1890 à 1891, le métier à tisser l’uni était mis sur pied ; qu’en 1892 et 1893, un métier Jacquart, que des constructeurs anglais avaient renoncés à terminer, était repris et mis au point par M. Duquesne 

     Ces résultats ont amenés M. Henri Grosselin, de Sedan, à construire le métier actuel ; et aujourd’hui la fabrique du « tapis parisien », installé dans cette ville, contient 24 métiers mécaniques, dont 4 pour l’uni et 20 avec Jacquart, pouvant tisser depuis 70 centimètres jusqu’à 2 m. 50 de large, les largeurs au-dessus se tissant à bras. La production du dernier exercice a été de 32.000 mètres carrés. A l’Exposition actuelle, la maison a été récompensée d’une médaille d’or.

     L’inventeur s’est évidemment proposé, en créant son tapis, de joindre à la solidité des genres orientaux le bon marché relatif des moquettes et d’en combattre l’importation. 

     On sait que les tapis d’Orient ou tapis de Smyrne sont produits par le nouage autour des fils de la chaîne des bouts de trame insérés isolément, et que la nature de ces nouages assure à ce genre de tapis si estimé une durée que limite seule la résistance des matières. La moquette, au contraire, dérive de l’armure velours, et les mouchets ou boucles qui forment la surface veloutée du tapis, sont simplement achevalés sans résistance sur les fils de trame du fond, apparent à l’envers du tissu : le moindre effort suffit pour enlever ces boucles, et la moquette montre bientôt la corde, comme on dit vulgairement.

     C’est pour éviter ce glissement ou cet arrachement des mouchets en même temps que pour produire un tissu élastique et moelleux sous le pied, que M. Duquesne enveloppe entièrement le fond par la chaîne de velours ou de poil, et il arrive à ce résultat en appliquant à sa fabrication le mode d’entrelacement de la gaze. Le tapis parisien a, en effet, un fond qui se compose de deux chaîne en lin, chanvre ou coton : la première comporte les fils fixes de l’armure gaze, la seconde les fils de tour. Ces derniers sont tantôt à droite et tantôt à gauche des premiers, et leurs entrelacements alternatifs sont fixés par une trame de liage de même nature. La surface veloutée est constituée par une chaîne poil en laine dont les fils évoluent comme les fils de tour du fond, mais en sens inverse. 

     La contexture du tapis parisien se prête à l’emploi de toutes les matières premières végétales ou animales, comme aussi à toutes les réductions en uni façonnés, ras ou veloutés. L’inventeur le démontre par une collection que nous trouvons exposée à la Classe 70, de foyers, carpettes, galeries, etc., comme en Orient, et de tapis au mètre courant, dans lesquels le lattage ne se voit pas lors de la mise en place, comme dans les tapis Jacquart ordinaires. Il y a là également, dans le même ordre d’idées, un très grand nombre de spécimens des plus variés : le turc parisien en laine, le tissu arabe en laine, la parisienne en jute, l’aubusson parisien en laine et le mohair.


Les Tapis Point de Sedan


Le Point de Sedan offre une large gamme de tapis, de styles et d'inspirations diverses.

Les tapis étaient en général réalisés sur commande, les ordres étaient passés pour des articles de toutes dimensions, allant des plus petites aux plus grandes, les techniques de fabrication permettant de répondre à toutes les demandes, sans limitation de surface. Les dessins, les choix des coloris de laine étaient effectués à Sedan.
La filature chargée de l'approvisionnement était située à Tourcoing. La teinturerie, quant à elle, se trouvait à Baisieux.

Ces produits présentent la particularité d'être réalisés en pure laine peignée de Nouvelle-Zélande et exigent en fabrication, 3 kgs de fils de laine au m2 ainsi que 575 grs de fils de lin au m2, le lin constituant le"dossier".

La densité des points est de 75 000 par mètre carré.
A sa création, le tapis est d'abord esquissé grandeur nature, puis reproduit sur papier millimétré : c'est la mise en carte. Avant l'ére informatique, les "liseurs" traduisaient manuellement le dessin par perforation sur cartons, suivant une technique particulière : chaque perforation correspondant à un point dans un coloris déterminé. Maintenant, pour toutes créations de nouveaux tapis, la perforation des cartons est réalisée grâce aux outils informatiques.

Cependant, la lecture des cartons sur le métier reste identique, que ce soit pour un dessin ancien ou contemporain, et permet de restituer le modèle créé ou choisi.

 

La Manufacture du Tapis Point de Sedan possèdait une riche collection de modèles
 
Plus de 400 cartons servant à la réalisation des tapis sont répertoriés. En voici une sélection choisie :


 Dessin Indopersan fin XVème, époque "Dame à la Licorne"

 Dessin style Régence, Les Ramures

Dessin style Louis XVI

Dessin style Louis XVI, Fleurs et Rubans

 Dessin Chinois

Dessin contemporain, Fleurs de Tabac

 


La fabrication des tapis Point de Sedan


A l’origine de l’étonnant et unique procédé de fabrication du Tapis Point de Sedan, se trouve la rencontre d’un industriel ardennais à l’imagination grandie par ses voyages au Moyen-Orient, et d’un ingénieur parisien, qui lui donnera les moyens techniques de réaliser ce que son imagination avait entrevu.

Monsieur Grosselin - notre ardennais voyageur, mit au point une nouvelle technique de production de tapis, permettant d’obtenir tout à la fois une robustesse et un velours inégalés, liant la douceur de la laine à la solidité du lin, les deux formant un double liage (le point de laine étant fixé à la trame du tapis par le lin)...

Ainsi, ce ne sont pas moins de 75 000 points par mètre carré qui garantissent au tapis ce velours exceptionnel.

Les matières premières utilisées sont choisies avec soin, le tapis étant fabriqué uniquement de laine et de lin. Mais pas n’importe lesquels ! Le lin est originaire exclusivement du département du Nord, là où sa solidité est sans pareille. La laine, quant à elle, provient de Nouvelle-Zélande, là où, nous disent ces perfectionnistes artisans, les moutons produisent une laine contenant presque deux fois plus de fibres que la laine des moutons français...


Le dessin peut être existant, ou une création ; tout était possible. Il sera transféré sur une carte perforée qui sera la « tête pensante » du métier Jacquard, l’impressionnante machine à tisser bâtie de fonte et ne mesurant pas moins de 5 mètres de haut sur 4 de large.

Enfin, le tapis est tondu, cardé, raccommodé à la main, bordé.

La pièce finale, unique, possèdera une robustesse, une beauté et un velours qui traverseront les ans sans rien perdre de leur qualité. Les matières premières utilisées vous permettront de nettoyer le tapis sans problème, et en cas de brûlure, un point pourra toujours être refait à la main. C’est d’ailleurs ainsi que les tapis de la Manufacture Artisanale du Tapis Point de Sedan ont été finis pendant plus d’un siècle.

 


Les références du tapis Point de Sedan


"Le Point de Sedan" a été la
seule fabrique de ce genre au monde offrant un produit unique d'une qualité exceptionnelle qui lui a d'ailleurs valu de très nombreuses récompenses aux expositions internationales.


Le Point de Sedan, héritier du savoir-faire et des traditions ouvrières du terroir Sedanais depuis le         XVI siècle, possède une mémoire de plus de 400 cartons qui ont servi pour des noms prestigieux :

Le Général de Gaulle
La Duchesse de Windsor
Le Pape Pie XII
J.F. Kennedy
Valérie Giscard d'Estaing
L'Hôtel Le Crillon à Paris
L'Hôtel Cornavin à Genève
Les Jeux Olympiques d'Albertville

...

Le Général de GAULLE : motif de tapis Bessarabien Roumain éxécuté pour le Général de Gaulle. Visible à la Boissière à Colombey-les-Deux-Eglises.

Le président J.F. KENNEDY : Tapis Bessarabien réalisé sur une surface de 110 m² en 1962 pour John Kennedy.

L'ambassade de France à Washington : Tapis Agra style Indien, dessin préparatoire sur papier millimétré et tapis réalisé en largeur 2,5 mètres.


La Cour Royale de Belgique et l' hôtel Cornavin à Genève ont choisi ce tapis de style Louis XIII.

La Duchesse de WINDSOR : Tapis spécialement réalisé pour le salon de la résidence de la Duchesse à Gif-sur-Yvette. Cette pièce mesure plus de 13 mètres de long.

Le pape PIE XII : Tapis réalisé pour les 80 ans du Pape Pie XII et offert en juin 1956 par le Clergé et les Fidèles de 56 paroisses de L'Archiprêtre de Sedan. En son centre, les armes de Pie XII bordées par les blasons alternés et répétés des villes de Mouzon, Carignan, Raucourt et Sedan.
 

Projet initial remis au Point de Sedan